Première vague de la COVID-19 dans les CHSLD — Cibler les causes de la crise, agir et se souvenir

  • 23 novembre 2021
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Québec, le 23 novembre 2021 — La protectrice du citoyen, Marie Rinfret, rend publics aujourd’hui ses constats sur la gestion de la crise due à la COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie. Dans son rapport spécial déposé à l'Assemblée nationale, elle formule 27 recommandations à l’endroit du ministère de la Santé et des Services sociaux et de son ministre pour qu’ils déploient des moyens d’envergure efficaces et durables pour agir sur les causes de la crise et pour améliorer les conditions de vie des personnes hébergées.

Les constats du Protecteur du citoyen s’appuient sur une enquête impartiale et indépendante. Le rapport d’étape rendu public en décembre 2020 a mis en lumière les témoignages de personnes qui ont vécu la crise sur le terrain. Pour sa part, le rapport d’enquête final déposé aujourd’hui comprend notamment l’analyse de témoignages d’autorités gouvernementales et d’experts dans des domaines clés : gestion d’établissements de santé, gériatrie, gestion de crise, épidémiologie, prévention et contrôle des infections.

« Notre enquête a permis d’aller au fond des choses et de comprendre pourquoi les CHSLD avaient été, à la fois, pris d’assaut par la pandémie et incapables de faire face à la flambée de la contagion et des décès. Notre rapport fait la lumière sur le manque de robustesse des services, des structures et des canaux de communication », a déclaré Marie Rinfret.

Parmi les causes d’une crise humaine sans précédent

En prévision de la propagation de la COVID-19 qui allait atteindre le Québec, les autorités gouvernementales ont tôt fait de placer les hôpitaux au centre de la crise. Pour libérer des lits en centre hospitalier, plusieurs usagers et usagères hospitalisés ont ainsi été transférés vers les CHSLD. Ces milieux de vie, déjà en sous-effectifs, étaient dépourvus des ressources nécessaires pour accueillir subitement des personnes fragilisées. Les décisions à cet égard ont donc été prises par des autorités qui n’étaient pas en mesure d’estimer adéquatement la capacité des CHSLD à remplir cette mission inédite.

D’autres facteurs ont contribué à la dégradation et à la désorganisation des services, comme la sous-évaluation par les autorités de la vulnérabilité au virus des résidentes et résidents en CHSLD. Les effets de l’absentéisme du personnel en raison de la propagation de la COVID-19 n’avaient également pas été prévus. La complexité de la tâche des équipes soignantes aurait dû être vue rapidement comme un motif de dérapage auquel il fallait apporter des solutions de façon urgente.

Durant les préparatifs à la pandémie, le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas évalué à sa juste gravité le fait que le personnel en CHSLD était peu familier avec les bonnes pratiques en matière de prévention et de contrôle des infections lors d’une éclosion majeure. Prenant les lieux d’assaut, le virus n’a fait que confirmer cette méconnaissance aggravée par le manque d’équipements de protection individuelle et la vétusté des lieux.

De plus, l’absence de gestionnaires dans chaque CHSLD a souvent freiné les suites à donner « sur le terrain » aux consignes en constante évolution provenant des autorités sanitaires.

Les recommandations du Protecteur du citoyen

Considérant l’ampleur de la crise de la première vague et ses répercussions dramatiques qui ont marqué le Québec, le Protecteur du citoyen recommande au ministère de la Santé et des Services sociaux de mettre en place différents outils, notamment :

Toute réforme doit s’accompagner de la mise en place de systèmes d’information fiables et performants.

Pour conclure, le Protecteur du citoyen recommande au ministre de la Santé et des Services sociaux de proposer l’instauration d’actes de commémoration annuelle des victimes de la COVID-19 dans les CHSLD et des personnes qui ont travaillé directement ou indirectement auprès d’elles. Il est important de garder en mémoire ce que ces personnes ont vécu afin que cela soit le moteur d’actions et de changements durables.

Le Protecteur du citoyen demande au ministère de la Santé et des Services sociaux de lui faire un suivi de l’état d’avancement de l’implantation des recommandations au 1er mars 2022, puis, selon un échéancier à convenir. Le Protecteur du citoyen entend faire état de ces suivis dans son rapport annuel d’activités, et ce, jusqu’à l’implantation, à sa satisfaction, des recommandations.

Rapport spécial :
La COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie — Cibler les causes de la crise, agir, se souvenir (PDF, 1,4 Mo)

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