Rapport annuel 2021-2022


- 5 366 demandes traitées
- Plaintes fondées : 25,8 %
- Intervention auprès de 56 ministères et organismes
Les 3 principaux motifs de plaintes fondées :
- Longs délais d’attente : 46,3 %
- Dommages financiers : 17,1 %
- Non-respect des droits : 14,2 %
Principales variations par rapport à l’an dernier quant aux demandes d’assistance et aux plaintes traitées :
Ministère de la Santé et des Services sociaux
Revenu Québec
Régie de l'assurance maladie du Québec
Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
Société de l'assurance automobile du Québec
Ministère de la Sécurité publique (services correctionnels exclus)
Retraite Québec
Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST)
- Une travailleuse issue des Premières Nations fait une demande d’indemnisation à la CNESST. Elle se plaint de harcèlement psychologique au travail et se dit victime, entre autres, de mauvaises blagues liées à ses origines. La CNESST refuse sa réclamation. L’enquête du Protecteur du citoyen a démontré que la personne avait subi de réels préjudices et qu’elle avait droit à une indemnisation de la CNESST.
CNESST – Direction générale de l’indemnisation des victimes d’actes criminels (DGIVAC)
- Lorsqu’une victime d’un acte criminel ne peut pas travailler en raison d’une agression, la DGIVAC peut lui verser une indemnité de remplacement de revenu. Pour ce faire, la DGIVAC doit vérifier notamment son statut professionnel au moment où elle a arrêté de travailler. Une victime éprouvait des difficultés à se faire reconnaître comme travailleuse autonome par la DGIVAC. Le Protecteur du citoyen a joué un rôle d’intermédiaire entre la DGIVAC et la personne pour régulariser son statut et lui donner droit à l’indemnité, ce qui a permis d’éviter la judiciarisation de l’affaire.
Ministère de l’Enseignement supérieur – Aide financière aux études
- En 2021, le Protecteur du citoyen a mené une enquête spéciale sur l’Aide financière aux études. Il a analysé les aspects suivants : son processus de prise de décision en première instance et en révision, le traitement des demandes de reconnaissance d’une déficience fonctionnelle majeure et le mode d’analyse des dossiers comportant une potentielle déclaration mensongère. Dans son rapport, le Protecteur du citoyen constate entre autres des failles concernant l’information donnée aux étudiantes et étudiants et leur accès à la personne qui traite leur dossier. Il formule 23 recommandations et suit leur mise en œuvre.
Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
- La Loi sur la justice administrative précise que les directives administratives qu’applique une agente ou un agent d’un service public pour prendre une décision doivent être accessibles à la clientèle visée. Or, le Guide des procédures d’immigration du Ministère, documentation importante pour les candidats et candidates, n’est pas entièrement accessible depuis août 2018. Le Protecteur du citoyen souligne que cette situation contrevient à la Loi sur la justice administrative.
Ministère de la Famille
- Le Ministère a lancé un appel en continu de projets sur le Web dans le cadre de la création de nouvelles places en services de garde subventionnés. Une citoyenne commence à remplir sa demande de places sur ce site, pour une région donnée. Le site cesse tout à coup de fonctionner et la panne dure quelques heures. La citoyenne, qui n’avait pas entièrement rempli sa demande, la termine quand la connexion est rétablie. Sa demande est refusée. Motif : le territoire qu’elle vise n’était plus disponible lorsque le site a repris. Le Protecteur du citoyen a demandé et obtenu que son dossier soit analysé.
Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
- Un homme réside dans un organisme d’hébergement pour personnes itinérantes. En raison d’une dette d’environ 6 000 $, le Ministère saisit son compte bancaire, conformément à la règle. Toutefois, c’est le compte bancaire en entier, soit la somme de 19 000 $, qui est frappé par la saisie. Le Protecteur du citoyen a considéré que l’homme faisait face à une mesure qui accentuait sa vulnérabilité et qui impliquait des démarches trop complexes pour lui. Il les a donc effectuées à sa place et le Ministère a libéré les 13 000 $ restants.
Retraite Québec
- Une dame demande une rente de conjoint survivant à Retraite Québec après le décès de son conjoint. Elle précise qu’au moment du décès, son conjoint résidait temporairement chez sa mère depuis quelques jours (ordonnance de la cour, violence conjugale). Retraite Québec refuse d’accorder la rente, estimant que la vie commune n’est pas prouvée. Or, la dame et son conjoint se déclaraient comme conjoints auprès de différents services publics. Le Protecteur du citoyen a estimé que ces preuves de vie maritale étaient suffisantes. Retraite Québec a accepté d’accorder la rente.
- 1 968 demandes traitées
- Plaintes et signalements fondés : 41,1 %
- Intervention auprès de 132 instances
Les 3 principaux motifs de plaintes et de signalements fondés :
- Mauvaise qualité des services : 23,6 %
- Non-respect des droits : 18,2 %
- Compétences ou comportement du personnel : 12,8 %
Plaintes à l’égard du réseau de la santé et des services sociaux :
- 1errecours : le commissaire aux plaintes et à la qualité des services de l’établissement visé.
- 2e recours : le Protecteur du citoyen (si la personne n’a pas de réponse du commissaire après 45 jours ou si elle n’est pas satisfaite de celle-ci).
- Le Protecteur du citoyen peut être joint directement dans le cas d’un signalement.
Déficiences
- Une dame handicapée demeure avec ses parents. Cinq jours par semaine, elle fréquente un centre d’activités de jour spécialisé relevant d’un centre de réadaptation en déficience intellectuelle. Ce service passe bientôt à deux jours par semaine, principalement en raison de la pandémie et du manque de personnel. Le Protecteur du citoyen s’est adressé au centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) responsable pour lui demander de maintenir l’accès aux places existantes en centre d’activités de jour pour la clientèle, y compris pour l’usagère concernée par la plainte, ce que le CISSS a accepté.
- Il existe de moins en moins de places de répit pour les proches aidantes et aidants de personnes handicapées, les places existantes dans les différentes ressources du réseau public étant transformées en places d’hébergement. Vu l’importance des solutions de répit pour maintenir les personnes à domicile et éviter l’épuisement de celles et ceux qui en prennent soin, le Protecteur du citoyen a recommandé à un CISSS visé par une plainte de poursuivre avec ses partenaires communautaires son projet de création de places de répit. Le CISSS a accepté la recommandation.
Jeunes en difficulté
- Une dame se plaint au Protecteur du citoyen que des policiers et des intervenantes de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) se sont présentés chez elle, emportant son nouveau-né sans donner d’explications. À l’hôpital, les intervenantes ont compris que les taches sur le corps du bébé ne relevaient pas de la maltraitance, mais d’une condition dermatologique. Le Protecteur du citoyen a formulé trois recommandations au CISSS responsable pour que les services d’urgence fassent preuve d’humanité lors des interventions d’urgence. La DPJ a fait des rappels à ses intervenants et intervenantes et le CISSS s’est engagé à poursuivre une réflexion à ce sujet.
Soutien à l’autonomie des personnes âgées
- En novembre 2021, le Protecteur du citoyen a rendu public un rapport spécial sur la gestion de la crise due à la COVID-19 dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) durant la première vague de la pandémie. En décembre 2020, il avait publié son rapport d’étape sur le sujet d’après les témoignages du personnel sur le terrain. Le rapport d’enquête final met en lumière des failles majeures. Le Protecteur du citoyen formule 27 recommandations à l’endroit du ministère de la Santé et des Services sociaux et de son ministre.
- Au Québec, les mécanismes d’accès à l’hébergement des CISSS et des CIUSSS reçoivent 21 000 demandes d’hébergement public chaque année. En octobre 2021, le Protecteur du citoyen a publié un rapport spécial intitulé Pour un accès à l’hébergement public qui respecte les droits et les besoins des personnes âgées et de leurs proches. Il y formule 14 recommandations au ministère de la Santé et des Services sociaux pour améliorer les règles entourant l’accès à l’hébergement public et pour renforcer le respect des droits des personnes âgées et de leurs proches à toutes les étapes de leur recherche d’une ressource d’hébergement appropriée.
- Au terme d’enquêtes, le Protecteur du citoyen observe que certaines résidences privées pour aînés (RPA) refusent de suivre les normes applicables à leur mission malgré les rappels des CISSS ou CIUSSS responsables de leur certification. De leur côté, des CISSS et des CIUSSS hésitent à sanctionner des résidences fautives, principalement par manque de ressources et par volonté de maintenir celles qui existent. Un exploitant de centaines d’unités locatives de type RPA refusait de donner suite aux correctifs demandés par le CIUSSS, par exemple pour des travaux aussi simples que la réparation d’une rampe d’escalier. Le Protecteur du citoyen a obtenu de l’homme qu’il répare la rampe et il a demandé au CIUSSS de se doter d’une procédure de gradation des moyens à appliquer envers un exploitant ou une exploitante qui refuse de remplir ses obligations.
- 229 divulgations traitées
- Divulgations fondées : 25 %
- 130 instances visées
Qui peut faire une divulgation?
- Un membre du personnel d’un organisme visé par la Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics;
- Un fournisseur ou un sous-traitant;
- Toute autre personne ayant appris qu’un acte répréhensible à l’égard d’un organisme public a été commis ou est sur le point de l’être.
Manquement grave aux normes d’éthique et de déontologie et usage abusif des fonds ou des biens d’un organisme public
- Selon une divulgation, un enseignant universitaire utilisait sa position professionnelle pour favoriser son entreprise personnelle dans l’octroi de contrats, exploiter son entreprise durant ses heures de travail et utiliser les installations de l’université au profit de cette entreprise. Le Protecteur du citoyen a formulé des recommandations à l’université pour mettre fin à ces comportements.
Cas grave de mauvaise gestion
- Selon une divulgation, les autorités d’un ministère favorisaient certains organismes lors de l’octroi de subventions dans le cadre d’un de ses programmes. Le budget dont il est question ici, soit plusieurs dizaines de millions de dollars, est de nature administrative et discrétionnaire. Aucune règle n’encadre le pouvoir discrétionnaire du ministre. L’enquête a donc révélé une perméabilité entre le volet politique du cabinet et l’appareil administratif du ministère. Le Protecteur du citoyen a recommandé à ce dernier de s’assurer de l’intégrité de l’interface politico-administrative et de l’impartialité des processus menant à l’octroi d’une subvention.
Recommandation malgré l’absence d’actes répréhensibles
- Un organisme sans but lucratif a signé des ententes de services avec quatre centres de services scolaires (CSS) en vue d’offrir de la formation à distance au moyen d’une plateforme numérique interactive et un service de recrutement d’élèves. Des milliers d’élèves étaient ainsi dirigés vers les quatre CSS. Ceux-ci procédaient à l’inscription et à l’accompagnement des élèves. Toutefois, environ 90 % des élèves inscrits ne consultaient pas ou très peu la plateforme Web. Les CSS recevaient donc de l’argent du ministère de l’Éducation par cours déclaré et payaient à fort prix des services non utilisés. Même en l’absence de fautes graves, le Protecteur du citoyen a fait des recommandations au ministère concerné.





- 5 118 demandes traitées
- Plaintes fondées : 43,9 %
- Intervention auprès de 18 centres de détention sous la responsabilité du ministère de la Sécurité publique
Les 3 principaux motifs de plaintes fondées :
- Longs délais d’attente : 31,6 %
- Environnement et milieu de vie : 23,8 %
- Non-respect des droits : 18,9 %
Un nouvel établissement de détention pour les femmes
- Depuis plusieurs années, les femmes incarcérées séjournent à l’établissement de détention Leclerc de Laval, un bâtiment vétuste qui ne correspond pas à leurs besoins. Or, c’est un constat que fait lui-même le ministère de la Sécurité publique qui déclarait déjà en 2016 que les femmes ne pourraient y être gardées à long terme. Avec les années qui passent, le Protecteur du citoyen recommande cette fois formellement au Ministère de s'engager, par une décision ferme, à construire un nouvel établissement de détention dans les meilleurs délais possibles.
Les précautions suivant l’utilisation d’un agent inflammatoire
- L’agent inflammatoire employé pour maîtriser un détenu cause chez lui des effets très irritants. Après son utilisation, la décontamination de la personne et des lieux doit donc se faire rapidement. Or, cette décontamination ne s’effectue pas toujours selon les règles, ce qui peut entraîner des conséquences importantes chez les personnes visées. À l’issue d’une enquête du Protecteur du citoyen, des autorités ont fait des rappels à l’endroit d’agentes et agents correctionnels fautifs. Le Protecteur du citoyen a recommandé des correctifs au ministère de la Sécurité publique.
COVID-19 – La réduction de la population carcérale en temps de pandémie
- Vu les risques de propagation de la COVID-19 en milieu carcéral, un arrêté ministériel a autorisé temporairement la mise en liberté de personnes incarcérées, selon des critères stricts. Un citoyen incarcéré a obtenu la permission de rentrer chez lui, à 700 km de distance. Or, par rigidité administrative, les services correctionnels ont refusé de lui payer le billet pour se rendre à la gare d’autobus interrégionale (3,50 $). Ils ont plutôt annulé la permission. Par la suite, ils l’ont finalement rétablie après avoir organisé un transport sous escorte. La formule a valu au citoyen plusieurs jours supplémentaires de détention, mobilisé du personnel en temps de pénurie d’effectifs et entraîné des coûts importants.
Table des matières
- Message du protecteur du citoyen
- Faits saillants
- Quelques statistiques
- Administration publique
- Agence du revenu du Québec (Revenu Québec)
- Commission de protection du territoire agricole du Québec
- Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail
- Ministère de l’Éducation
- Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
- Ministère de l'Enseignement supérieur
- Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
- Ministère de la Famille
- Ministère de la Justice
- Ministère de la Sécurité publique
- Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
- Office de la protection du consommateur
- Office québécois de la langue française
- Retraite Québec
- Société d'habitation du Québec
- Société de l’assurance automobile du Québec
- Services correctionnels
- Réseau de la santé et des services sociaux
- Intégrité publique
- Liste des recommandations
- Suivi des recommandations du Rapport annuel d’activités 2021-2022
- RAPPORT ANNUEL D'ACTIVITÉS 2021-2022*
- Tableau de suivi des recommandations - Rapport concernant la gestion de la crise de la COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie
- RAPPORT DE GESTION*
* Ces versions PDF sont accessibles aux personnes ayant une déficience permanente ou temporaire.
Le protecteur du citoyen, Marc-André Dowd, a déposé son rapport annuel 2021-2022 aujourd'hui, à l’Assemblée nationale. Soulignant les répercussions toujours présentes de la COVID-19 au Québec, il a insisté sur les défis des services publics face à la pandémie depuis mars 2020 : exigences de la communication à distance, innovations technologiques, pénurie de personnel, besoins accrus de la population confrontée au virus.
De l’avis du protecteur du citoyen, ce vaste chantier d’adaptation aux retombées de la COVID-19 doit être une occasion pour les services publics de se montrer inventifs et de se recentrer sur les besoins des citoyens, notamment des plus vulnérables.
« On l’a vu : lorsque la sécurité de tous et toutes est menacée par un virus imprévu et que des moyens doivent être déployés dans l’immédiat, les énergies et les ressources sont mobilisées, a déclaré M. Dowd. J’en appelle à cette agilité pour reformuler et enrichir l’offre de services de manière permanente. »
À consulter :
- Rapport annuel 2021-2022 en version feuilletable
- Rapport annuel 2021-2022 en version PDF*
- Tableau de suivi des recommandations - Rapport concernant la gestion de la crise de la COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie
- Rapport de gestion en version PDF*
* Ces versions PDF sont accessibles aux personnes ayant une déficience permanente ou temporaire.